La situation de la liberté de la presse dans le monde s'est détériorée durant l'année écoulée, et un
nombre alarmant de journalistes ont été tués ou emprisonnés. A cela s'ajoutent des formes moins brutales
mais non moins efficaces de limiter cette liberté. Le Comité Mémoire et Justice (CMJ) invite les
journalistes en poste à Genève à se pencher sur le cas du Chile actuel.
Actuellement une bataille judiciaire se livre autour de la propriété du journal Clarín, fondé en 1954
et qui fut jusqu'en 1973 le quotidien le plus diffusé au Chili. Rappelons que, juste avant le coup d'état,
il tirait environ à 300.000 exemplaires par jour, fait remarquable dans un pays qui comptait, à l'époque,
dix millions d'habitants. Pinochet fit fermer le journal, persécuta et emprisonna ses journalistes,
confisqua ses biens, et en définitive fît disparaître le titre. Les locaux du journal -triste sort- furent
attribués à une section de la police secrète, le Comando Conjunto, qui en fit un centre de tortures.
Le quotidien Clarín était connu dans tout le Continent américain pour son indépendance et son ouverture
d'esprit. Il ne dépendait d'aucun gouvernement, parti politique ou groupe monopolistique; il appartenait à
l'investisseur espagnol M. Victor Pey, qui l'avait acheté - par une transaction effectuée à Genève en 1972
- à son ancien propriétaire et fondateur, le journaliste M. Darío Sainte-Marie.
Le retour du Chili, en 1990, à des moeurs plus démocratiques n'entraîna pas, pourtant, la renaissance de
Clarín. Une interminable querelle judiciaire oppose, depuis des années, l'Etat chilien au proprietaire du
journal. Depuis 1997 M. Pey et la Fondation espagnole Président Allende se battent dans un Tribunal
International d'Arbitrage pour récupérer ce journal indépendant, au nom de l'exercice de la liberté de la
presse et des droits démocratiques du peuple du Chili. Car les actuelles autorités chiliennes refusent
d'annuler le vol à main armée de Pinochet et de rendre, à qui de droit, les biens confisqués à ce
journal.
La situation est d'autant plus paradoxale que la presse chilienne est contrôlée, dans sa presque
totalité par un seul groupe de presse, le groupe El Mercurio, bien connu pour avoir encouragé le Coup
d'Etat et appuyé la Dictature militaire. Il serait donc temps de rendre sa liberté à Clarín.
Le CMJ déploré l'attitude des dirigeants chiliens qui s'accomodent si bien de leur rôle d'héritiers de la
pseudo-légalité de la Dictature, et qui acceptent une bonne partie de la législation dictatoriale, en
particulier la Constitution politique de Pinochet. C'est ainsi que nous pouvons constater, avec regret,
que malgré que trois gouvernements de transition se soient succédés depuis 1990, un journal pluraliste
comme Clarín ne récupère toujours pas ses biens confisqués par la Dictature de Pinochet.
Rappelons que la Suisse fait partie du tribunal arbitral. Un éminent juriste Genevois, le Professeur
Pierre Lalive, est le Président du Tribunal International d'Arbitrage que doit rendre prochainement un
verdict important pour la liberté de la presse au Chili.
Faisant honneur au traditionnel sous-titre du logo de Clarín - Firme junto al pueblo - le CMJ ainsi que
d'autres organisation de Genève soutiendront aussi, fermement, les mesures destinées à restituer ce
journal à ses lecteurs, le peuple du Chili.
Pour des renseignements sur ce cas, consulter
Affaire Victor Pey et Fondation
Président Allende v. République du Chili ou bien contacter le Comité Mémoire et Justice.
Nous vous remercions de l'intérêt que vous voudrez bien porter à ce cas d'entrâve à la liberté de la
presse, au droit de propriété et aux droits découlant d'un investissement au Chili. Veuillez agréer
également, Messieurs les journalistes, nos meilleurs voeux pour la nouvelle année.
Comité Mémoire et Justice (CMJ): Chili - Suisse - Amérique latine
Maison des Associations Rue des Savoises 15.
CH-1205 Genève. Suisse.
Tel.: 00-41-22-3215357
E-mail: memojustgeneva@bluewin.ch
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